J’ai avalé mon histoire comme j’ai mangé la tienne, Poète, Sculpteur ou Peintre d’éternité au présent… Quel repas, dis-tu, avons-nous partagé ? À quand, et avec qui , le prochain ? On verra... On lira ... | Marie-Thérèse PEYRIN - Janvier 2015

Courbatures Sentimentales (Inédit)

ETAT DES YEUX | Janvier 2022 | LE PORTAGE DU MONDE | Voix flottées 1

Aujourd'hui je suis arrivé à creuser un peu sans me dire que ne faisais au juste que déplacer et recouvrir ailleurs, sur une épaisseur plus grande.

Mais au fond, on arrive toujours à ce fouillis de racines en dessous qu'on ne démêle pas et qui pompe sans arrêt pour le secret plus enfoncé qu'on ne voit pas.

Il bat; on l'entend parfois vaguement, la tête collée au sol, très loin, les jours sans vent - ou quand on dort dans l'herbe.

Pour savoir, il faudrait pouvoir pourrir et revenir. Se mêler, s'infiltrer, et revenir. Autant dire qu'on rêve , là.

 

Antoine EMAZ,

Poème de la terre, Bartavelle, 1986, p. 28

                                     

 

 

 

 

 

C'est cette accumulation des récits de vie sur les réseaux sociaux qui rivalise avec les livres. Mais ce n'est pas délétère à mes yeux, j'apprends à prendre la main des autres  dans un registre immatériel qui s'ancre dans le réel et les prélévements que ça suppose pour montrer ce dont il s'agit. Poussière colorée d'un kaléidoscope géant, souvent en noir et blanc. Je ne recule pas encore devant ces crêtes d'océan engloutissant, je reste à distance , une bande de sable suffisante pour voir ce qui se passe de loin, participer a minima au drame ou à l'instant de joie. L'écriture sert d'alibi pour un crime relatif que j'appelle provisoirement empathie ou fascination pour le vivant. Les paysages ne m'intéressent guère , comme si le fait qu'ils puissent contenir des "figures absentes" les rendaient coupables de non assistance à personnes en danger. J'en reparlerai certainement iCi ou un peu autour. Le temps est venu d'écrire en continu.

 

1024px-Winslow_Homer_-_Eagle_Head _Manchester _Massachusetts_(High_Tide)

298px-Winslow_Homer_-_Snap_the_Whip_(Butler_Institute_of_American_Art)

Winslow_Homer_-_The_Gulf_Stream_-_Metropolitan_Museum_of_Art

800px-WinslowHomer-Eight_Bells_1886

 

Peintures de Winslow Homer  - Source web -

 


Arpège sans levier


  Photo0215

 

D’abord redire :

 

Autour du mot patience          

plusieurs  rythmes.

 

Des aiguilles  anesthésiantes                et                    

des suggestions trop vives . 

 

Absorber  la stridence laide. 

 

Partition imparfaite,

vieux défi haut de gammes.

 

Ne pas laisser couler le fiel  larsen

le jus noir ou très rouge  le surplus.

 

Plumer l’intolérance en robe d’amertume,

et laisser le silence prendre comme un goudron.

 

Pour neutraliser l’insolence,

Nous ferons donc  peau vieille.

 

Au bout du chantier

voir la mue amaigrie

et laisser détaler en sourdine,

vos écaillés de voix…

 

Vos écaillés de voix… parfois.

C’est du gravat !

 

 

Et puis un jour ou l’autre  renoncer à sonder.

Ne plus émulsionner cette ancienne  musique .

 

Clouer de l’ indulgence aux parois des mémoires.

Les réhabiliter comme fosse d’aisance.

Ecologie des drames recyclés depuis la prime enfance,

au fin fond des jardins.

 

Au contact des grandes personnes abîmées 

lessivées contaminantes, rincer le lien sourd-dingue

dans l’humeur délitée.

 

 

Maintenant fragmentée

laisser faner la phrase

dans l’herbier d’un piano désaccordé,

au pied d’un prunier d’angle à la rigueur.

 

Nos vergers noirs ont des cordes

qui vibrent depuis les premiers rêves

imprécations chromatiques et choisies.

 

Quelqu’un aura tressé un panier ancestral

dont  l’anse nous sert de parenthèse torve

colportant par moments l’immémorial fardeau.

 

 

 

 

 

 

Avril  2010 - Avril 2011

 

 

In courbatures sentimentales  ( Inédit)